Dans le cadre du programme croisé de la philosophie en terminale et en HLP, nous avons à traiter la question de la violence dans l'histoire ou encore de la violence et de l'Etat.
Il s'agit de pouvoir identifier les types de pouvoir politique et interroger, avec les philosophes, politologues et hommes de lettres, la légitimité ou non de cette autorité.
Le projet de proposer aux élèves de terminales la pièce Caligula jouée au Comedia s'est inscrit dans ce travail, qui fait également écho à la bien triste actualité.
Plus précisément l'ambition ici était de pouvoir distinguer le despotisme du totalitarisme.
Et en effet, Caligula est un despote, un tyran, ses désirs sont la loi là où il n'y a plus de lois; là où le droit, ses règles, sa logique, une réflexion morale sur le juste ou l'injuste s'effacent.
Son pouvoir est sans limite, ses désirs absolus comme l'autorité dont il peut jouir, sa volonté délirante et exécutée sans délais et sans contradiction.
Le pouvoir s'impose par la terreur, la violence aveugle et l'injustice et c'est par là qu'il se perd. La pièce d"Albert Camus, Caligula, en est une illustration magistrale et intemporelle.
La représentation, à l'esthétique plutôt minimaliste, a été finement interprétée par une troupe repérée au festival d'Avignon qui nous a bouleversés et bien éclairés sur le visage que pouvait prendre ce terrible et fascinant pouvoir.
Pour rappel, le synopsis que propose le Comédia:
À la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, l’empereur Caligula, aimé de son peuple, disparaît pendant trois jours. Lorsqu’il réapparaît, il a terriblement changé : amis, maîtresse, dignitaires et fonctionnaires doivent désormais faire face à un tyran qui ne supporte ni contradictions ni contradicteurs. « J’aime le pouvoir car il donne ses chances à l’impossible. » Mais la passion de l’impossible, la quête d’une liberté absolue ne sèment que fureurs, ravages et destructions.
Le Caligula de Camus est d’autant plus cruel, cynique et manipulateur qu’il sait être drôle, tendre et sensible. Autour de ce personnage ambigu et fascinant se joue le drame d’une humanité asservie à la volonté d’un chef implacable et pourtant terriblement seul. Le spectacle veut rendre compte de cette dualité et il incite à prendre parti car si l’histoire ne se répète pas, les comportements, eux, se reproduisent."